Du professeur à la caissière : comment moderniser l'Education Nationale


Les récentes manifestations des lycéens contre la suppression des postes dans l’Education Nationale sont parfaitement injustifiées, et ce à plusieurs titres.


D’une part – comme d’habitude, diront les mauvais esprits, dont votre serviteur s’honore de faire partie -, ce sont les lycéens des établissements les plus difficiles, ceux qui ont le plus besoin de travailler et d’aller en cours, qui manifestent. Stains, Aubervilliers, Pantin, La Courneuve : depuis plusieurs semaines, du fait de quelques jeunes pseudo-politisés et souvent manipulés par des professeurs gauchistes, une poignée de sauvageons empêchent leurs camarades de profiter de tout ce que l’Education Nationale a de meilleur à leur offrir. Cette prise en otage d’élèves le plus souvent en difficulté sociale et scolaire est proprement inacceptable.


D’autre part, il semble que cette réforme soit l’objet d’une incompréhension totale de la part des élèves, des professeurs et de l’opinion publique plus généralement. En effet, l’Etat n’enlève pas des professeurs, il change leur statut – parler de « poste » revient à parler d’un professeur certifié ou agrégé, avec un poste statutaire. Que souhaite faire M. Darcos ? Revoir la politique de gestion des ressources humaines de l’Education Nationale, l’assouplir, la rendre plus flexible et plus réactive aux réalités démographiques de notre temps. En substituant un vacataire mobile, allant là où sont les besoins réels de l’Education Nationale à un professeur statutairement collé à son poste et à ses avantages, c’est dans la modernité que M. Darcos fait rentrer l’Education Nationale.


Cette vieille machine a besoin d’une meilleure gestion des ressources humaines. A l’exemple de la Grande Distribution qui sait parfaitement gérer ses hôtesses de caisses en fonction des flux de clientèle variant d’une heure à l’autre, l’école et ses enseignants doivent s’adapter à la démographie fluctuante. Supprimons l’immobilisme lié aux statuts des professeurs fonctionnaires et réalisons enfin ce que notre gouvernement n’ose pas encore faire par timidité : supprimons les concours de l’Education Nationale. Comme dans n’importe quel emploi, le professeur sera sélectionné sur diplôme et sur entretien. Comme dans n’importe quelle entreprise, le proviseur pourra récompenser les meilleurs et licencier les incompétents. Et comme dans toute situation économique, les emplois suivront la demande.


Il semble que ces quelques évidences, frappées au coin du bon sens, n’aient pas été comprises par les lycéens. Qu’il est difficile de faire le bien des gens malgré eux !

Par le Professeur Park, Directeur de recherche à l'Institut Bolloré